Résidence au Quai des Savoirs en septembre 2023
Paradise : c’est le nom d’un havre meurtri en Californie. Une ville ravagée par les flammes en 2018 qui lentement se reconstruit et cicatrise du drame, toujours en proie au traumatisme des incendies.
Touché par son histoire, Maxime s’y est rendu deux fois afin de saisir et de partager ce qui s’y passait. En résulte une série photo éponyme de visages et paysages empreints du brasier, capturant la résurgence vitale de celles et ceux qui, après avoir tout perdu, ont choisi de rester. Perceptibles dans le regard de ses sujets, les réminiscences du feu chargent l’atmosphère du lieu. Pour accentuer cette impression, l’artiste emploie un film infrarouge qui donne des tonalités ardentes à l’environnement. Il vise ainsi à projeter le spectateur dans les yeux des survivants pris dans les souvenirs, l’incertitude et le présent.
L’objectif est de donner à vivre leur expérience, de transmettre leurs émotions. En ce sens, il a également recueilli les témoignages de ces gens, les sons ambiants et produit des panoramas 360°. Ces matériaux lui ont permis de développer, avec Bastien Duval et Vincent Marin, une invitation à un voyage plus intime au cœur de Paradise : un dispositif en réalité augmentée. À travers l’écran de son téléphone, le visiteur peut parcourir et éprouver les galeries de la ville en convalescence. Il va à la rencontre virtuelle des habitants en portraits ; il peut découvrir leur lieu de vie, imaginer l’avant et les écouter raconter leur récit. Maxime finalise le travail pour Lumières sur le Quai avec l’enregistrement des légendes audio et du doublage français.
En vue d’une plus grande immersivité, le photographe explore différents médias pour faire appel aux sens dans toute leur diversité. Il a notamment réalisé un court métrage documentaire tiré de ses clichés, témoignages et sons récoltés in situ. Cette semaine de résidence est aussi l’occasion pour lui d’expérimenter à nouveau. Pour enrichir son exposition, il crée en effet une installation consacrée au théâtre essentiel du désastre : la forêt d’alentour qui s’est embrasée.
Immersion sonore d’une part, avec un système de son spatialisé. Il s’en va alors à Boulogne-sur-Gesse capter les bruits qui animent les bois et compléter les sonorités qu’il a déjà. Immersion olfactive d’autre part, avec un dispositif de diffusion d’odeurs. Accueilli dans le laboratoire de Michael Moisseeff, nez expert et sculpteur de senteurs, l’artiste sélectionne trois fragrances dans sa collection. Ils créent tous les deux un quatrième parfum, celui de l’après-feu que Maxime connaît bien, savant mélange d’effluves de mousse, de pluie et de brûlé. Le tout sera présenté avec quelques transats pour que le public du festival s’y laisse emporter.
Au-delà de la photographie, Paradise constitue finalement un ensemble transmédia offrant plus qu’un regard, un ressenti sur les conséquences du changement climatique.